L’exposition « Polyptyques et Figures du Mystère » dans la Basilique Saint-Urbain de Troyes est un retour aux sources pour moi. D’ici, au 17eme siècle, est parti
Michel Morel dit Madore, dit le Troyen pour le Canada où il s’est marié en 1660
et y a fondé une famille. Je salue sa mémoire, moi qui porte le même nom
et qui reviens ici où lui-même est sûrement entré, où lui-même a sûrement prié.

Je salue aussi la mémoire du Père Paul Baudiquey à qui j’ai dédié mon tableau
«Le Retour de l’Enfant Prodigue » : Paul Baudiquey, l’ami de Rembrandt.

Les oeuvres présentées dans la Basilique vivront pendant quelques mois dans
ce lieu de lumière et de silence, de prière et de recueillement. Elles vivront
dans la communauté de la Vierge au Raisin, du Saint-Roch, du Saint-Jean,
du Saint-Michel au dragon, et comme eux s’enrichiront du regard des fidèles
et des passants qui y laissent un peu d’eux-mêmes.

Ainsi, elles prennent encore de l’âme, elles prennent encore de la vie comme
des miroirs habités. Elles s’imprégnent de la douleur et de la tendresse
de ceux qui passent, toiles Véronique accrochant cette rosée qui monte à l’œil
et au coeur de celui et celle qui s’ouvre à l’œuvre qui lui parle quand elle est accueillie : hospitalité de l’oeil ouvert au silence.

Ainsi ces Figures du Mystère ne sont peut-être que les Figure de la Vie,
ne sont peut-être que tes propres Figures, toi qui regardes, toi qui passes,
toi qui pries ici aujourd’hui.

Michel Madore, mai 2003

Michel Madore, Polyptyques et Figures du Mystère, Basilique Saint-Urbain, Troyes, 2003